vendredi 11 mars 2011

Le tigre et l'intelligence ou Quand les parents acceptent les idées de leur enfant

Il était une fois, il n'était pas
il y avait, il n'y avait pas
Quand j'y pense,
quand j'y pense
quand j'y pense
aujourd'hui,
guerre en direct, tsunami en hélicoptère, Japon dans la souffrance
quand j'y pense,
quand j'y pense mon coeur s'allonge
comme une éponge
que l'on glisse dans un gouffre
où l'on souffre tant de tourments
que quand j'y pense
je préfère vous raconter ce qui, il y a fort longtemps, s'est déroulé dans un pré vietnamien.

Ce jour-là, il y avait, un chemin de terre, quelques rizières et bientôt un pré. Du vert tout partout, une forêt tout au bout, et au beau milieu du vert tout partout, un arbre, un buffle et un enfant. L'enfant est vêtu d'une  chemise blanche légère et d'un short bleu. Il s'appuie du dos sur le tronc d'arbre. Il s'essaie à jouer du Dan Moi. Un instrument de musique


 tout pareillement identique au mien. En France on appelle cet instrument une guimbarde. 
Et rien à voir avec une vieille voiture dont on ferait vibrer les pare chocs devant nos dents. 

Le buffle se nourrit. Voyez comme il arrache l'herbe du pré, tendez-l'oreille. Wouash wouash wouash tschittt  t tschi tt tschitt l'herbe gémit. Le buffle se régale. 

L'enfant n'a pas peur. Pourtant c'est imposant un buffle. Un buffle ça fait peur. Quiconque craindrait un buffle. L'enfant n'a pas peur. Parce qu'il a eu l'idée. Avant l'idée, l'enfant ne menait pas le buffle au champ. Avant l'idée, ce n'était pas facile de mener le buffle au champ. Avant l'idée, on attachait la corde à l'une des cornes du buffle et on le menait au pré. Avec difficulté. Car ainsi mené à l'une des cornes, le buffle avançait comme il voulait. A droite, à gauche et celui qui le menait s'épuisait à la tâche pour le ramener dans le droit chemin. 

Un jour, l'enfant voulut mener le buffle au pré. Ses parents lui répondirent qu'il était trop petit, qu'il lui fallait encore grandir, bref ce n'était pas encore demain la veille qu'il mènerait le buffle au pré !
L'enfant avait pensé
"Comment ça je ne ménerai pas le buffle au pré ? 
Comment ça il me faut grandir ?" 
A force de penser il avait fini par trouver une idée. Il l'a confiée à ses parents. Qui l'ont trouvée très intéressante et même mieux : ils l'ont trouvée "intelligente". Ils étaient très fiers de leur fils. En glignant de l'oeil de l'un à l'autre sourire aux lèvres ils avaient pensé
"Il en a dans la cabosse notre fiston, on va l'essayer son idée !" 
Ils l'avaient si bien essayée l'idée qu'ils n'avaient plus jamais mené le buffle au champ. C'est leur enfant qui dès lors le firent. C'était si simple. Pourquoi n'y avaient-ils pas pensé plus tôt. Mais bien sûr qu'il fallait mettre un anneau dans les narines du buffle. Mais bien sûr qu'il fallait nouer une corde dans l'anneau du nez du buffle. Mais bien sûr qu'il suffisait de tirer sur la corde. Quant au buffle, lui-même semblait se plaire à porter ce bijou. Il ne rechignait plus du tout à se faire mener par le bout du nez, même par un enfant.
 

Un jour, l'enfant mena le buffle au pré. Comme les autres jours. Mais ce jour-là, dans la forêt, un tigre énorme autant que somptueux cherchait sa nourriture. Soudain il sortit de la forêt, tout doré comme était tout tigre en ce temps là, sans une seule de ces rayures que nous lui connaissons aujourd'hui. Un tigre de toute beauté.


Et que vit-il ?
Un buffle, surveillé, par un enfant ! Par un enfant ! On n'avait jamais vu ça. Un buffle surveillé par un enfant, c'était hilarant. Tigre ne retint pas son rire. Buffle tourna la tête.
"C'est toi qui rit Tigre, pourquoi ris-tu ?"  Tigre s'approcha et répondit 
"Qui veux-tu que ce soit, et comment ne pas rire quand je te vois obéir à un enfant ? Les buffles ne seraient donc plus les animaux féroces d'antan ! "
"Chut" dit le Buffle "Parle plus doucement, mon ami ; apprends plutôt à jouer du Dan Moi. Inutile de le déranger"
Le tigre répond "Mais je rêve, que dis-tu Buffle, répète un peu ? Tu pourrais en profiter pour t'évader pendant qu'il joue sans te regarder !"
Le Buffle répond
"oh la la m'évader, tu n'y penses pas, cet enfant a une arme redoutable. Il me rattraperait."
"Ah ah ah ah hi hi hi, le tigre se fend de rire,  je voudrais bien savoir quel arme redoutable peut avoir cet enfant aux bras et aux jambes aussi frêles, ah ah ah !" 
"Approche Tigre, tu vas le savoir" Et le buffle murmure deux mots à l'oreille du somptueux animal. Qui répète abasourdi :
"Son intelligence ? Kézako l'intelligence ? Tu as vu son inteligence Buffle ? Mais moi je ne veux pas la voir, je veux qu'il me la prête. Tois qui le connaît, qui le fréquente, dis-lui que je veux qu'il me prête son intelligence !"
"Et bien demande-la lui toi-même, si tu n'as pas peur , moi je préfère manger!" 
et wouash wouash wouash et  tschittt t tschi tt tschitt l'herbe gémit sous les dents du buffle qui se régale.  On dirait qu'il sourit.

Assis sur le tronc de l'arbre, en plein milieu du champ tout ver,t l'enfant s'essaie à son Dan Moi.  Soudain un bruit lui fait lever les yeux. Appuyé qu'il est sur le tronc, il ne peut plus reculer, ce n'est pourtant pas l'envie qui lui manque de le faire, à la vue du grand fauve qui s'est approché de lui.

"Bonjour Enfant" dit le Tigre, Buffle m'a dit que tu possédais une arme redoutable. Montre-la moi"
L'enfant s'étonne sans faire un mouvement 
"Ah bon, Buffle t'as dit ça ? Et il t'a dit de quelle arme il s'agissait, parce que tu sais nous les hommes nous avons plusieurs armes ?"
"Il a parlé de ton intelligence. Je veux la voir. Montre-la moi ?"
"C'est impossible !"
"Pourquoi donc ?"
"Parce que mon intelligence est chez moi, je ne prends pas toujours cette arme avec moi. Quoique"  En disant ces mots l'Enfant jette un oeil rapide à son Buffle qui déguste son repas"
Le Tigre se rapproche. Il est si proche que son haleine réchauffe le visage de l'enfant. 

"Ok, d'accord" dit l'Enfant cherchant une issue,  "je vais aller la  chercher mon intelligence, mais avant il faut que tu me laisses faire quelque chose"
"Quoi ?"
"Il faut que tu me laisses t'attacher à mon arbre" et l'enfant se détache du tronc de l'arbre sur lequel il s'appuyait.
"Pourquoi ça ?"
"Parce que je te connais, je n'aurai pas fait un pas pour aller chez moi que tu sauterais déjà sur mon Buffle pour le dévorer !"
"Mais non mais non"
Tigre serait prêt à dire n'importe quoi tant il veut voir l'arme du jeune enfant. Celui-ci se montre prudent.
"Je ne te crois pas. Allez, laisse-toi faire, laisse-moi t'attacher" Et il insiste 
"Tu la veux mon arme ou tu ne la veux pas ?"
Tigre voulait l'arme. Tigre s'est appuyé sur l'arbre et l'enfant a fait plusieurs fois le tour de l'arbre avec la corde de Buffle. Pour finir il a fait un, deux, trois, plusieurs noeuds et enfin il a questionné Tigre. 
"Alors tu veux toujours la voir mon arme ?"
"Oui, plus que jamais !" répond le fauve
"OK, je te la montre, regarde bien !"
L'enfant se pencha et ramassa un long et gros bout de bois. Et tout aussitôt il l'abattit sur le dos du Tigre. Qui se mit à produire un rugissement si terrifiant que toute la forêt en était secouée par l'envol des oiseaux qui s'y tenaient à l'abri.  
"Aïe, ça va pas,  petit, qu'est-ce que tu fais, tu me fais mal !"
"Tu voulais voir mon intelligence, tu la vois ? Et même, tu la sens passer. Et oui, mon intelligence, c'est mon arme à moi. Parce que je suis un humain, un futur homme. Les hommes ont pour arme leur intelligence, ami Tigre, sache-le !"  L'enfant bat très fort le Tigre avec son gourdin.
"Arrête, j'en ai assez, j'ai compris ! arrête ! Arrête ça sent le brûlé, arrête je brûle, pourquoi je brûle ? "
A force d'essayer d'échapper au bâton, au gourdin, la corde entame, échauffe le poil de Tigre qui se débat toujours. Voilà pourquoi ça sent le brûlé. Buffle se tord de rire. 
"Arrête de rire Buffle" dit Tigre "sinon je te dévore !"
-Entre nous ce serait bien la première fois.
Tigre et Buffle ne font pas bon ménage,
au détriment du Tigre, je crois-
"Faudrait peut-être, Tigre, que tu m'attrapes avant !"
Ah ah ah ah ah  Buffle rit rit rit et sa tête monte descend monte descend monte et il se tape le ventre de rire. Il hurle de rire .
Soudain il ne rit plus. Car il vient de heurter le sol avec ses mâchoires. Ding ding ding ding ding dong toutes ses dents tombent au sol. Buffle a le sourire tout penaud. Il tourne une tête dépitée vers l'enfant.
"Je regarderai après" dit l'enfant "Partons maintenant sinon je ne donne pas chair de nos peaux si Tigre nous rattrapait.

C'est ainsi que ce jour-là l'Enfant et le Buffle quittèrent le pré. Ils rejoignirent le village. 
L'Enfant, fort content d'avoir été plus fort que Tigre.
Buffle, râlant, mécontent d'avoir désormais une mâchoire inférieure sans dent.
"Tu n'avais qu'à pas te moquer de lui" a dit l'enfant.
Dans le pré, la corde a fini par se rompre, libérant Tigre qui n'avait plus qu'une seule idée : se venger.   Il regarda les fuyards avec l'intention de les poursuivre quand il se rappela l'arme infaillible de l'Enfant. Comment s'appelait-elle déjà ? Ah oui, l'intelligence. Sans plus demander son reste Tigre disparut dans la forêt, sans tambour ni trompette.
Tout de même mécontent que son beau pelage jaune soit décoré à jamais d'horribles rayures noires.
D'horribles rayures noires ? Pas si sûr.
Une p'tite souris était là.
Elle a traversé le pré en disant
 Chicoti chicota c'est fini, c'est fini, et quand j'y pense, aujourd'hui, moi je l'écris. 
OUI, LE CONTE EST FINI.

http://gobangalorebymatt.blogspot.com/ pour découvrir d'autres photos de Matthieu,
je ne suis jamais allée dans ce pays.

jeudi 10 mars 2011

Administration Serveur vocal : mieux vaut y aller à pied. J'adore.

L'action n'est pas urgente. Elle est nécessaire. Depuis 1994. L'enfant est devenu adulte. L'erreur commise sur son acte de naissance est à rectifier.
Il se rend à la mairie. On le renvoit au Tribunal.
"Aucune rectification ne peut être faite sans une action du TGI -Tribunal de Grande Instance- Ecrivez-leur"
Il écrit. Le jour même. La réponse se fait attendre.
L'adulte est patient. .
Deux mois plus tard, limite atteinte.  Tribunal. Téléphone.
"Je vous passe le service !"
Mais du standart au bureau tilt tilt tilt tilt ou plutôt, si peu pas tilt que Téléphone. Tribunal. 
"Le bureau que vous m'avez passé ne décroche pas !"
"C'est évident, la collègue est en communication. Appelez plutôt le XY ZZ LL WW 44 "*
Connexion. Vérification. Réponse.
"Nous avons adressé un courrier à la mairie Monsieur. Il autorise le service Etat Civil à faire la rectification  Joignez-le pour savoir i la rectification a été faite. Le certificat devrait av oir été rectifié"
Stupéfaction.
"Mais si je n'avais pas appelé aujourd'hui comment l'aurais-je su ?" 
"Pas par nous Monsieur. Ni par la Mairie. Par vous-même. C'est vous qui deviez chercher. Et vous l'avez fait. Vous avez bien fait. Rires. Au revoir Monsieur !"
Bon ben vaut mieux en rire.
Monsieur est en RTT : Il prend le temps. Téléphone. Standart Mairie. **
"Je vous passe le service, faites le 2 sur votre répondeur"
Déstabilisation "Le 2, sur mon répondeur ?" Il fait le 2. -a-t-il bien entendu, le standardiste a l'air si pressé de s'en aller- Au bout de trois secondes "estomaquation"
"Votre appel n'a pas été transféré, vous allez être transféré, ne quittez pas,
Votre appel n'a pas été transféré, vous allez être transféré, ne quittez pas,
Votre appel n'a pas été transféré, vous allez être transféré, ne quittez pas...."
Après la randonnée, la comptine. Plutôt assassine, comme titre Pierre Dubois le célèbre conteur-artiste-écrivain...
Si assassine qu'il rappelle le standard
"Vous n'avez pas dû faire le 0, faites le 0
Il voulait faire un test en institut. Plus besoin de se déplacer. Le diagnostic est fait : il est atteint de surdité.
Il ne perd pas espoir. Il rappelle.
Enfin il a le service........ vocal. Il faut qu'il se déplace.
Soit,
qu'il randonne pour de vrai.
Il y avait, il n'y avait pas.... c'est presque vrai. C'est vrai.


* ou l'art de s'amuser avec de faux chiffres
**-de là-bas d'ici ou d'ailleurs, peu importe [ou, plus moderne, sortons du siècle dernier, s'il vous plaît, on s'en fout]
et être accompagné, on se sent moins seul. Bonne journée