vendredi 3 avril 2009

3 - 3 avril 2009 Abounouba le farceur (suite 2)

Abounouba ouvre le garde-manger.
Il sort le plus vieux des fromages et le pose dans une écuelle. Une odeur infecte se répand dans l'atmosphère. Abounouba recouvre vivement le fromage d'un torchon et pose l'écuelle sur le rebord de la fenêtre. L'odeur nauséabonde se répant à la ronde. Les habitants sont nombreux à se pincer le nez. D'autres ravis arrivent à toute allure. Ce sont les demoiselles mouches. Faut les entendre Bzz bzzzzz bzzzetter et bzi bzi bziiiiiter. Abounouba n'en veut que deux ou trois. Quand trois malignes se glissent sous le torchon qui entoure l'écuelle dans laquelle est posé le fromage, d'un mouvement rapide Abounouba noue le noeud. Puis il sourit en pensant au lendemain.

Le lendemain c'est un homme heureux qui se réveille. Il s'habille en deux temps trois mouvements puis quitte sa demeure fromage sous torchon sur écuelle avec mouches sur fromage, le tout en mains et le pas léger il arrive au palais du sultan. "Menez-moi auprès du Sultan" demande-t-il aux gardes "Je dois lui montrer quelque chose !"

Quelques secondes plus tard il fait une profonde révérence et dit au Sultan en se relevant
"O Très Bon très Grand, très Haut, prête-moi une oreille attentive. Ecoute mes doléances. Quelques personnages se sont introduits dans ma demeure sans mon autorisation ! Je dois porter plainte contre eux ! "

A cet instant il remarque le léger mouvement du Sultan. Il pense aussitôt qu'il se souvient des ouvriers qu'il lui a envouyé.

Le Sultan quant à lui ne peut s'empêcher de se pincer le nez à cause de l'odeur infecte du fromage. Elle se répand par toute la salle du Conseil. Il demande à Abounouba s'il est bien certain de ce qu'il va avancer, car tout de même il ne doit faire aucune erreur en formulant son accusation. Elle pourrait se retrouner contre lui.

Abounouba assure au Sultant en se courbant de nouveau qu'il ne peut se tromper "Je les ai prises sur le fait, ô Très Bon ô très Grand, ô très Haut et je te les aies apportées ! Ce sont des mouches !" et d'un geste vif, il soulève le torchon. Les mouches s'échappent en se précipitant autour de la tête du Sultan.

Le Sultan est ahuri, il répète, "Tu veux porter plainte contre des mouches Abounouba, c'est impossible, ma Justice ne peux rien contre elles !"

Abounouba insiste. Il demande à recevoir ni plus ni moins l'autorisation de punir les mouches ; il répète "Je veux que tu me la donnes ô Très Bon ô très Grand, ô très Haut ; c'est tout de même bien Toi Seul, qui peut faire régner la justice !"
Le Sultan regarde ce petit homme rond qui l'interpelle. Il comprend qu'il ne changera pas d'avis. En même temps il ressent un peu de peine à l'imaginer dans sa maison toute trouée par ses soins. Il accepte en riant "J'accepte tes doléances Abounouba, tu as mon autorisation. Tu peux battre les mouches !"

Mais on n'en reste pas à une décision orale. Pas du tout. On rédige un texte.

On le signe et contre signe. Abounouba d'un côté, le Sultan lui-même de l'autre. Rassuré Abounouba retourne chez lui le pas léger. En passant devant l'atelier du charpentier il passe commande d'un petit maillet en bois de chêne : on n'a jamais vu maillet si petit et ça fait rire le charpentier "Crois-tu ouvoir tuer le renard qui dérobe les oeufs de ton poulailler Abounouba.. , " "Pas du tout, lui répond Abounouba, "je veux juste abattre les mouches : c'est une tapette, c'est tout !" !"
Et en chemin Abounouba peaufine son geste. [à suivre]
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PS pour grands lecteurs : à propos du maillet : signification symboliqueSymbolisme [modifier]
Le maillet et le marteau peuvent symbolisent le mal ou la force brutale.

Le maillet est l'arme de Thor, dieu nordique de l'orage, forgé par le nain Sindri. Il est aussi l'outil de Héphaïstos (ou son équivalent latin Vulcain), dieu boiteux de la forge.

Il représente l'activité formatrice ou démiurgique.

Dans la mythologie japonaise, le maillet est l'instrument magique, avec lequel le dieu du bonheur et de la richesse, Daikoku, fait surgir l'or.

Au XIXe siècle encore, on posait un maillet sur le front des agonisants afin de faciliter le passage, l'envol de l'âme. C'est une tradition romaine que le Doyen du Sacré Collège, d'un coup de marteau en métal précieux ou encore en ivoire, frappe le front du Pape qui vient d'expirer, avant de proclamer sa mort.

D'après certaines légendes lituanienne, les marteaux de fer sont les instruments avec lesquels les dieux brisent au printemps la glace et la neige.

Selon la symbolique maçonnique ; le maillet est le symbole de l'intelligence qui agit et persévère ; elle dirige la pensée et anime la méditation de celui qui, dans le silence de sa conscience, cherche la vérité. Au cours des tenues maçonniques trois maitres possèdent et utilisent un maillet : Le vénérable Maitre qui préside les travaux le premier et le second surveillant qui l'assistent.


PS : à propos de l'illustration : c'est une page de l'album Edi'yye-i Mesure Risalesi, calligraphiée par Ismail Bagdadi EN 176561766. Cat 138. Détail in "La bibliothèque du sérail, Filiz Cagman (Topkapi à Versailles)

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